PERSECUTION DES JUIFS
 

L'instauration de l'ETAT FRANÇAIS le 10 juillet 1940 allait ouvrir une nouvelle période dans l'histoire des camps d'internement français dont l'administration allait désormais passer sous le contrôle de la Sûreté Nationale.

Dans un premier temps, et conformément à l'article 19 de la Convention d'Armistice, les autorités d'occupation exigeront que leur soient livrés "tous les allemands et autrichiens émigrés que le Reich réclamera". Beaucoup d'entre eux étaient des Juifs.

Puis, pour répondre à la pression allemande, l'Etat Français se prêtera complaisamment à la mise en application d'une série de mesures tendant à l'exclusion des Juifs.

Un antisémitisme latent sera alimenté et amplifié par une campagne visant à faire du Juif le bouc émissaire de tous les malheurs qui venaient de fondre sur le Pays.

Une propagande en ce sens entretiendra cette politique et perturbera les esprits.

II faut aussi rappeler qu'en septembre 1939, 300 000 Juifs se trouvaient en France, dont 120 000 étrangers et apatrides. En septembre 1940, ils seront 350 000 dont 40 000 venus de Belgique, Luxembourg et Hollande et 6 500 en provenance de Bade et du Palatinat et déportés en zone sud par les nazis.

Dès septembre 1939, la police française avait arrêté 15 000 ressortissants "ennemis" qui seront internés dans les camps des MILLES (Bouches-du-Rhône), puis GURS (Basses-Pyrénées), du VERNET (Ariège) et de ST-CYPRIEN (Pyrénées-Orientales).

En mai 1940, les arrestations reprendront. Sur 40000 civils internés dans le sud de la France, il y avait 70% de Juifs.

Les premières mesures antisémites apparaîtront en août 1940 et seront suivies en septembre d'Ordonnances allemandes portant statut des Israélites en zone occupée et définissant le Juif.

Le 18 octobre 1940, Vichy promulgue à son tour une loi établissant le statut des Juifs et ouvrant les opérations de recensement.

Suivront toutes sortes d'interdictions et de contrôles, notamment en ce qui concerne la mise sous séquestre des entreprises juives, l'interdiction de certaines activités économiques, la circulation des capitaux et le contrôle de leurs biens. Des attestations raciales seront exigées dans bien des cas.

Le 29 mars 1941 fut créé à PARIS un COMMISSARIAT GENERAL AUX QUESTIONS JUIVES dépendant du MINISTERE DE L'INTERIEUR et placé sous la responsabilité de Xavier VALLAT (1891-1972), parlementaire d'extrême droite et antisémite notoire sous la IIIe République. Il sera remplacé par Louis DARQUIER DE PELLEPOIX (1897-1980) en mai 1942.

Viendra ensuite la création, le 19 octobre 1941, d'une POLICE AUX QUESTIONS JUIVES qui se livrera à une impitoyable chasse aux Juifs et aux étrangers, s'appuyant aussi sur de très nombreuses dénonciations.

Dès le début de 1941, le SS-Obersturmfuhrer Théo DANNECKER (1913-1945), chef du Service des Affaires Juives de la GESTAPO en France, avait souhaité créer un "Judenrat" représentatif de la communauté juive, mais la résistance de certaines associations aboutit en définitive à la création, le 29 novembre 1941, de l'U.G.I.F. (Union Générale des Israélites de France) chargée d'apporter une aide aux internés et à leurs familles.

bon pour envoi
Bon de 2 francs pour l'envoi de colis aux internés et prisonniers.

A partir de cette époque, la politique d'exclusion des Juifs menée par l'Etat Français se conformera à la volonté des Allemands de passer à une logique de déportation et d'extermination. C'est la mise en oeuvre de la "Solution Finale".

La rafle du Vél' d'Hiv des 16 et 17 juillet 1942 à PARIS, au cours de laquelle 12 884 Juifs seront arrêtés, ne sera pas la seule et beaucoup d'autres suivront tant dans la capitale qu'en province.

Ainsi, en janvier 1943, une rafle organisée à ROUEN et dans le département de la Seine-Inférieure en représailles à l'attentat ayant coûté la vie au Sonderfuhrer STAEDLER, de la Feldkommandantur 517 (ROUEN) abattu à la porte de l'Hôtel de Dieppe le 2 janvier, touchera particulièrement des femmes, des enfants et des personnes âgées.

A ROUEN, 137 Juifs dont 24 enfants appréhendés dans la nuit du 15 au 16 janvier sont transportés à DRANCY. Les convois des jours suivants les emporteront à AUSCHWITZ d'où la plupart ne reviendront pas.

Cette grande rafle suivait de peu celle de la mi-octobre 1942, au cours de laquelle 85 Juifs, en majorité d'origine rouennaise, furent arrêtés. A ROUEN comme partout ailleurs, la Police Française avait fait la sale besogne et appréhendé 24 Juifs. Le Préfet de la Seine-Inférieure, avec la satisfaction du devoir accompli, rédigeait alors son rapport du 1er novembre 1942 en ces termes :

"Sur ordre des services allemands, 24 Juifs étrangers avec leurs enfants ont été arrêtés et conduits au camp de Drancy pour être déportés à l'est. Cette mesure qui assainira l'atmosphère politique est approuvée par les milieux sains".

Sans commentaires !

Selon Serge KLARSFELD, 75 721 Juifs seront déportés. Moins de 2 000 reviendront. Les 11 000 enfants déportés entre le 23 mars 1942 et le 22 août 1 944 mourront.

Tel apparaît le sinistre bilan d'une politique à laquelle des Français furent étroitement associés !

Mise à jour
15/07/2006